« J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable.
On ne voit rien. On n’entend rien.
Et cependant quelque chose rayonne en silence... »
Antoine de Saint-Exupéry.
« Je me sentais attiré vers l’Afrique par la nostalgie du désert ignoré. »
Guy de Maupassant
« Comme nous allons vers des terres que nous ne connaissons pas,
voici que nous découvrons dans notre cœur de grands espaces inexplorés. »
Ernest Psichari
« Marche en avant de toi-même, comme le premier chameau de la caravane. »
Maxime nomade
« Homme, il faut savoir se taire pour écouter le chant de l’espace,
qui affirme que la lumière et l’ombre ne parlent pas. »
Poème touareg
Sculpture du vent, écriture du sable, solitude sonore, gisement de silence, révélation spontanée, plénitude du vide, paysage intérieur, source d’effrois et d’épreuves, ...à l’origine était l’inconnu et ce jour est intemporel..., les clichés surexposés ne manquent pas pour traduire l’émotion envoûtante de cette terre de dépouillement, de la soif et de la faim. La tradition perpétrée veut que le désert trempe les âmes fortes et soit le cadre privilégié de la contemplation, de la méditation.
Il n’y a pas si longtemps le Sahara n’était qu’une simple tache blanche sur les cartes, blanche d’une apparente vacuité, pays tant ouvert qu’impénétrable, horizon lisse mais cependant imperméable. Mal de sable à pied, mal de mer à dos de chameau, les aventures les plus romantiques y inspirent les explorateurs et les chercheurs de trésors cachés. Les thèmes sahariens se bousculent sous la plume de mille écrivains « atteints de désert », inspirations enrichies par l’oral d’un patrimoine culturel immatériel endémique aux peuples Hamites (Touaregs), concept inépuisable et exaltant induit par la patiente adaptation à l’hostilité environnante, à la paucité des ressources, titres de gloire et de noblesse du grand nomadisme aujourd’hui, soudain mis en joue par l’addiction au consumérisme et la trivialité d’une civilisation de l’instantané. Desertus, « abandonné » en latin, fait naître une soif inextinguible d’inspirations, un irrésistible besoin de saisir l’insaisissable au pays de l’absolu, là où le soir « le soleil éteint tout ». Dans la mythologie de cet univers porteur de sacré, de cette terre de salut, chacun trouve sa quête, y entend les prophéties qu’il souhaite. On s’y retire du monde, on y rencontre Dieu – mirage permanent - ou l’on s’y rencontre soi-même. A cette terre de sable et de pierres est confiée la vocation divine de la révélation, tant islamique que chrétienne. Mahomet reçoit la parole divine de l'ange Gabriel lors de séjours au désert, tel Moïse recevant de Yahvé les Dix Commandements sur le Mont Sinaï. On y prie, on y médite, on s’y retire dans l’ascétisme. C’est là, sur le désert christique et porteur de sacré, que le père Charles de Foucauld poursuivit son épreuve monastique. Bien d’autres l’ont suivi dans l’expérience trappiste. « Du vent, du sable et des étoiles », le Petit Prince, le chef-d’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, n’est-il pas la meilleure fable de cette aventure métaphysique ?
Une légende arabe prétend qu’à l’origine des temps, la Terre était un infini jardin paradisiaque peuplé de grands palmiers providentiels, de jasmins aux senteurs enivrantes et de rossignols au chant flutté. A cette époque et comme il se doit en tout paradis, les Hommes étaient loyaux et justes, si bien que le mot « mensonge » n’avait pas le moindre sens. Mais un jour, un fameux jour, un homme ou une femme proféra un humble mensonge, vraiment insignifiant, mais un mensonge quand même, et le prodige prit fin. Allah réunit alors les Hommes et leur dit : « Chaque fois que vous mentirez, je jetterai un grain de sable sur le monde » Les Hommes haussèrent les épaules : « Un grain de sable ? On ne le verra même pas ». Et pourtant, de mensonge en mensonge, petit à petit, le Sahara s’est formé. Et si l’on parle en ce jour d’une avancée des déserts, ce n’est peut-être qu’une réponse aux mille mensonges qui nous gouvernent.
Le sable est toujours très présent dans la réalité des départs, dans l’imaginaire de ceux qui souhaitent voyager « pour vérifier leurs rêves ». Et si on parle de désert, c’est le sable qui vient à l’esprit alors que la majorité des déserts de la planète sont de pierre ou de glace. Comment ne pas être fasciné par le Sahara, cet océan inanimée, union de l’immense et de l’infime qu’est le grain de sable ? Et qu’est-ce qu’une oasis sinon une île dans une mer de sable ?